Oh la la les omelettes, aujourd’hui ça va beaucoup moins rire dans les chaumières puisque j’ai grave envie de te parler de ma psychologie défaillante. D’aucuns diront que mon cœur est taillé dans la pierre puisque je manque (cruellement) de compassion pour mon prochain. J’aime souvent répondre à mes (dé)tracteurs que j’ai de la compassion pour les gens qui ont vraiment des problèmes. Excusez-moi de ne pas pleurer pour machine qui n’arrive pas à trouver la parka Maje à 500 boules en taille 36 ou de m’apitoyer sur le sort de bidule qui s’est fait larguée deux fois de suite en moins de 4 mois, tout ça parce qu’elle préférait passer la soirée avec son chat plutôt que d’écarter les jambes !
La vérité, je trouve ça largement plus funky d’exprimer sa joie plutôt que sa tristesse et de parler de choses joyeuses plutôt que de « malheurs ». Mais l’autre jour, alors que j’étais tranquillement en train de faire une introspection personnelle sur mon cervelet et d’étudier mon inconscient (ce bâtard), je me suis rendue compte d’un truc pas très catholique : j’ai un sérieux problème avec les sujets malheureux.
C’est-à-dire que l’autre jour, je parlais avec une copine de choses et d’autres quand, je ne sais plus trop pourquoi, nous avons abordé un sujet un peu délicat : son avortement. Pas un avortement difficile dû à une complication de grossesse ou que sais-je hein (je précise pour ceux qui pourraient imaginer que je puisse être une sans cœur à ce point là). Non, un avortement « classique » : j’ai 20 ans, je suis tombée enceinte parce que je ne connais toujours pas les rudiments de la contraception à mon âge, le père est un coup d’un soir, j’ai pas un rond, je veux pas être mère maintenant ». Donc elle me raconte ce passage de sa vie avec une telle mise en scène que j’ai failli sortir mes Kleenex Winnie l’ourson. En rentrant chez moi ce jour là, j’ai fait le tour dans ma tête de mes copines avortées et en faisant le bilan, je me suis rendue compte qu’elles en parlaient toutes comme d’un traumatisme et d’une blessure ad vitam aeternam. C’est là que j’ai commencé à me dire que devait y avoir un souci avec mon cœur de granit…
J’ai avorté à 17 ans. Oh, je ne vais pas dire que ce fut une partie de plaisir, loin de là, mais je ne me sens nullement traumatisée par cet acte. Je ne sais pas si c’est dû au fait que chez moi la morale judéo-chrétienne ne vaut rien ou si tout simplement parce que c’est un choix que j’ai pris en mon âme et conscience et que j’assume parfaitement, mais j’en n’éprouve aucune honte et encore moins de tristesse. Je n’ai jamais pleuré pour ça, je n’y pense jamais et quand j’en parle (très ouvertement d’ailleurs, ce sujet n’est pas du tout tabou pour moi) c’est avec un grand détachement. Comme si je te racontais mon oral du bac français, quoi.
Tu es choqué par tant de froideur ? Attends, c’est rien encore à côté de ce que je m’apprête à te révéler …
J’ai l’immense chance de ne pas avoir beaucoup vécu la perte d’être chers. Ma grand-mère est morte il y a presque 5 ans, d’une longue et douloureuse maladie. Je l’aimais beaucoup, que dis-je ! Je l’AIME beaucoup et ce malgré les différends qui nous opposaient souvent, notamment sur ma relation avec mon vrai père qui était accessoirement son fils. Mes cousines parlent souvent d’elle, l’une d’elles n’arrive d’ailleurs toujours pas à faire son deuil. Quand elles évoquent notre grand-mère, elles le font avec beaucoup d’amour et de nostalgie. Je les écoute avec attention, en espérant secrètement raviver une once de sentiment en moi … mais rien. Bizarrement, alors que nous étions très proches, je ne pense jamais à elle et je ne pleure jamais sa disparition. J’ai même fait semblant, une fois, pour ne pas perdre la face devant le reste de ma famille ! Je sais, c’est moche …
Ce que je ne comprends pas, c’est que malgré mon manque de niaiserie face aux sentiments amoureux par exemple, je suis capable de pleurer comme une Madeleine devant Grey’s Anatomy (une fiction, je le rappelle) ou en écoutant la Traviata (je sais, ça te la coupe) (ah… tu sais pas ce qu’est la Traviata ? Le niveau putain, le niveau). Mais alors pourquoi, pourquoi bordel, je n’arrive pas à ressentir le moindre sentiment face à des sujets qui devraient m’attrister ?
Oh, je n’envie pas le chagrin des autres, je sais malheureusement qu’un jour viendra mon tour où je connaîtrais l’immense déchirure de la perte d’un être cher. Mais sans aller jusque là, pourquoi ces choses qui sont pourtant graves sur l’échelle de Richter des sentiments, pourquoi donc ces choses ne m’atteignent pas, ne m’émeuvent pas ?!
Je ne suis pas certaine qu’après une note comme celle-là je continue d’avoir des lecteurs ! Mais ça sert à ça aussi le journal intime de l’internet. Parce que si je ne te dis pas ce genre de choses, à qui je les dis moi ?!
Mais je me soigne, promis …
Faustine
• 14 années agoTu n’es pas la seule (non, je ne parle pas de moi), mais d’une de mes meilleures amies. Elle est identique à toi (et elle a perdu son bébé après sa naissance, c’est pour te donner le degrés de la personne). Donc tout ce que tu nous racontes ne me choque absolument pas. Je pense qu’il faut tout simplement ne pas se prendre la tête avec ce genre de chose. Je ne vais pas te rabâcher que tu es comme tu es, ça je pense que tu le sais déjà, mais juste se dire qu’on est tous différents et accepter que les choses qui paraissent accabler beaucoup de monde, n’attristent pas forcément toute la planète au même titre. Tu es sensible, la preuve, tu chiales devant Grey’s, mais tu n’as peut être pas mis encore le doigts sur ce qui t’émeus le plus… Je ne dis pas qu’il faut enquêter de ce côté là, ça viendra ou ne viendra pas d’ailleurs. De toute manière avance comme tu avances, c’est la meilleure des solutions et le principal, c’est que tu en sois consciente et que tu te poses les bonnes questions …
Dis, tu ne voudrais pas m’embaucher comme psy, je pourrai te sponsoriser en kleenex Tic & Tac si tu veux ^^
Miss Purple
• 14 années agoBen, c’est couillu d’en parler !
Moi j’ai tendance à avoir le problème inverse, à être sensible pour tout, ce qui n’est pas franchement mieux…
Cela dit, ta tristesse se manifeste sûrement autrement, tu t’en rends peut-être même pas compte…
Grardchris
• 14 années agoOuf ! Ca va, je croyais que j’étais le seul dans ce cas !
Jade
• 14 années agoPour ma part j’avais un vrai coeur de pierre jusqu’à mes 16 ans. L’adolescence m’a transformé en madeleine, que ce soit pour les histoires d’amour ou le reste.
J’ai la chance de ne pas avoir perdu beaucoup de personnes chères à mon coeur (ou alors c’était avant mes 16 ans donc) à part deux personnes qui comptaient beaucoup pour moi ces trois dernières années. Peux pas vraiment te dire comment je réagirai pour quelqu’un d’autre…
pat'
• 14 années agochacun réagit avec des degrés différents a la tristesse, la douleur, y’a des gens qui dépriment que on comprend même pas pourquoi, etc, etc..
c’est comme ça , y’a pas de normalité, et moi je dirais dans ton cas que c’est tant mieux, car être vraiment sincèrement triste, ça fait mal ..
donc au moins tu l’es au mieux tu te portes! un jour peut être quelque chose toucheras TA corde sensible , mais bien sur je ne te le souhaite pas ;-)
pour le coup de l’avortement, ça ne m’est jamais arrivé donc peut être que je ne peux pas vraiment parler, mais j’ai du mal a comprendre qu’on puisse si mal réagir, alors même qe c’est quelque chose qu’on décide! a ce stade ce n’est pas vraiment un « bb », il n’existe pas vraiment …! le plus triste pour moi aurait été de le garder, a 17 ans y’a de quoi gâcher un peu les meilleures années de ta vie, et CA, c’est triste. (je ne parles pas de celles qui doivent avorter pour X ou Y raisons alors qu’elles le désiraient leur bébé.. ca aussi c’est triste) enfin ceci n’est qu mon humble avis, et si je l’avais vécu je parlerais peut etre autrement …
oups, c’est du sérieux la ce soir!! (en meme temps c’est ta faute! demain tu nous parles vernis Opi ok!)
Jube
• 14 années agoBen tu vois moi qui suis à l’opposé de toi (enfin pour presque tout ce que tu racontes) tu ne me choque absolument pas et je dirai même que j’aimerai bien être comme toi parfois. Passque bon la sensibilité à fleur de peau c’est fatigant !
Ce n’est pas passque tu ne pleures pas que tu ne ressens rien, je préfère me souvenir des belles choses pour des personnes décédées que de « m’apitoyer » sur leur absence. Pour l’avortement mine de rien c’est un sujet que les gens n’aiment pas entendre du coup genre tu passes pour une sans coeur lorsque tu l’évoques. Bien évidemment ce n’est pas un acte anodin mais à quoi bon se torturer si la décision a été prise volontairement ?! Peut être est-ce juste la manière dont ça s’est passé qui peut être « traumatisante ».
Bref, je ne sais pas si tout ce que je viens d’écrire est clair, pardon mais je suis en plein décalage climatique ;)
boudine
• 14 années agoEcoute je me retrouve un peu …. Autant je peux être émue devant un film ou téléfilm débile autant dans la vraie vie c’est pas la même, j’ai pas beaucoup de compassion envers mes congénères, j’ai aussi avorter et sans plus : je n’y pense pas et d’en parler ne me fait rien, le décés de connaissances ne me touche pas plus que ça, bon ça ne m’amuse pas non plus qu’on soit bien clair, par contre ça me touche pour les gens qui restent … Et je trouve pas ça grave, je le vis très bien et apparement bien mieux que les gens qui m’entourrent mais qui ne me connaissent pas très bien apparement ;o)
Miss Giny / Au Pays des Merveilles
• 14 années agoHannn mais t’es une sorcière en fait ! je le savais !!
Non mais c’est peut être parce que ça ne te touche pas à ce moment là. Je t’ai déjà vu pleurer donc c’est pas vrai, tu as un coeur (et bien plus gros que tu ne le crois ! ;) )!
Ginie et son paillasson
• 14 années agoJe pense pouvoir affirmer que tu es loin d’avoir un cœur de granit, vu la façon dont tu as été proche de moi récemment. Simplement tu ne te tortures pas avec les choses auxquelles tu ne peux rien changer, ce qui se rapproche de la sagesse (bordel, Anna, la sagesse !).
Accepte-le comme un don, parce que je pense qu’on est nombreux à vouloir troquer notre trop grande sensibilité contre ce « détachement ».
Bisous Pussy.
Gondolfo
• 14 années agoCeci étant, s’ils n’ont plus la taille 36 , c’est quand même pas cool !
Ivy-Mag by ViVi LaChipie
• 14 années agoJe vais t’avouer un truc moi aussi… Je suis une vraie madeleine, un truc de dingue. Je pleure devant les maçons du coeur, Naruto, Sept vies avec Will Smith, devant Desperate Housewives. Je pleure aussi dans la vraie vie assez facilement mais rarement. Et je t’avoue que moi aussi je fais un blocage sur les décès…. J’ai perdu des personnes que j’aimais beaucoup mais impossible de pleurer (pas envie) et pas de tristesse profonde (je suis peut-être une rapide de « faire son deuil »), ou peu-être que je n’étais pas si attachée en fait…. Bon, ça t’avances pas beaucoup tout ça mais voilà…. T’es pas seule ! ^^
Anna
• 14 années agoFaustine > ok, t’es prise ! Mais tu prends combien ?
Miss Purple > vous me prenez pour une barge, non ?
Grardchris > on monte un crew si tu veux …
Jade > espérons que ça n’arrive pas de si tôt
pat’> c’est un vaste débat
Jube > est-ce que t’as chialé comme une Madeleine quand tu as vu les Champs enneigés ?
boudine > ok donc ça va, je me sens moins seule là
Miss Giny > mais je pleurais parce que mes oreilles me défonçaient !!!
Ginie > moi, sage ? Putain, tu me tue !
Gondolfo > c’est même carrément la lose
Vivi la Chipie > non mais qui ne pleure pas devant 7 vies bordel !
Jube
• 14 années agoMais arrête tu vois pas que je suis partie juste avant qu’il neige… paie ta loose !
En tout cas je ne pense pas que j’aurai pleuré, j’aurai juste crié comme une gamine complètement débile qui s’extasie pour un rien.
(comme lorsque j’ai découvert que le Lido était sur les Champs ;) )
Anna
• 14 années agoQuelle découverte, putaing !