C’est-à-dire qu’un jour, on avait dit qu’on raconterait nos pires hontes.
Rappelle toi : tout avait commencé chez Manu. Et on avait drôlement rigolé.
Et puis on avait continué ici. Même que je t’avais raconté que courir avec des tongs est un pari risqué. Et là aussi, tu t’étais drôlement foutu de ma gueule.
D’aucuns diront que je tends le bâton pour me faire battre. Certes.
Mais :
1/ sur ce blog, on sait que le ridicule ne tue pas. Et heureusement d’ailleurs, parce que y’a du niveau ici
2/ je tiens toujours mes promesses
J’ai donc creusé dans le fond de mon cerveau (et Dieu sait qu’il est énorme) et je me suis souvenue d’une péripétie bien chargée en te-hon, que je m’en va te narrer de ce pas.
Leçon n°2 : soit toujours attentif dans le RER (surtout quand t’es un boulet, à la base)
Dans les tréfonds de ma jeunesse, je travaillais dans un pays lointain de mon domicile fixe, j’ai nommé Massy-Palaiseau, dans le 9.1.
(je continue la narration, pour celles et ceux qui n’ont pas encore fait d’infarctus)
Contrairement à Rome, tous les chemins ne mènent pas à Massy-Palaiseau. Non, ça serait trop fastoche. Le plus simple pour t’y rendre (on sait jamais, des fois que l’envie te prenne) (ou pire, que tu y vives), c’est de prendre le RER. Oui mais attention, pas n’importe lequel, de RER. Faut prendre le RER B !
(on continue toujours, pour les trois pleupleus qui seraient encore en vie à ce stade de la lecture)
Avant que je te raconte mes malheurs, il faut quand même que tu saches deux ou trois trucs à propos du RER B :
- c’est la ligne nord-sud de la région parisienne => le 9.3 mon ami, le 9.3 … (déjà, tout est dit)
- il dessert 2 aéroports => les valises, les touristes, les relous
- il passe par la Gare du Nord (GDN, dans le jargon) => suicide toi
- les sièges sont en skaï => l’hiver t’as froid à l’anus et l’été t’as la culotte collée à vie sur les fesses
- c’est sale, ça pue, fait froid, fait chaud, on ne peut même pas poser un cul tellement y’a du monde dedans !
Donc pendant deux ans, I took the RER Bi. Et pour m’isoler au mieux de toute cette horreur, j’étais armée jusqu’aux dents : mon iPod vissé sur les oreilles et toujours un bouquin pour avoir les yeux et la cervelle occupés.
Et un beau matin, je monte dans mon petit RER, persuadée que le prochain train qui entre en station se rend à Massy-Palaiseau. Sereine, je me faufile entre mes congénères et je réussis, pour une fois, à m’assoir. Ahhhhhh, imagine le bonheur : je suis tranquille jusqu’à mon arrêt,Sade me susurre de jolis mots pendant que je dévore les lignes de Paul Auster.
Le train s’attarde un peu à la station Arcueil. Je ne m’inquiète pas car ce n’est pas inhabituel. Je ne lève pas les yeux de mon bouquin, que je continue de dévorer.
Mais j’entends comme un bruit sourd … Ca m’énerve !
Le bruit persiste, mais je n’arrive pas à distinguer d’où il provient.
Je lève donc les yeux …
Et là, vision d’horreur : je suis seule dans la rame. SEULE ! Un connard bien intentionné (mais connard quand même) tape à la vitre sur ma droite. Il me fait de grands gestes. Il a l’air de crier. Machinalement, je retire les écouteurs de mes oreilles. Mais c’est trop tard. Je viens de comprendre ce qui arrive.
Ce train devait avoir pour terminus Arcueil. Et tout le monde est descendu. Sauf moi. Parce que je n’ai pas entendu le chauffeur l’annoncer. Parce que je n’ai pas vu les autres passagers descendre.
Au moment où je me précipite vers les portes, le signal sonore retentit. J’ai immédiatement pensé au petit lapin rose qui se fait pincer les mains. Alors j’ai laissé les portes du train se fermer. Avec moi à l’intérieur. Seule.
J’ai chaud. J’ai peur. Je me pose des millions de questions. Comment ça s’arrête un train ? Comment je vais faire pour me sortir de là ? Comment faire pour prévenir le chauffeur de ma présence ? A quelle heure je vais arriver au bureau avec toutes ces conneries ? Et si j’appelais la police avec mon portable, pour les prévenir de ma mort certaine ? Et si le train va au dépôt, comment je vais réussir à sortir du wagon ? Et une fois sortie (si j’y arrive), comment je vais faire pour pouvoir retrouver mon chemin ?
Ca y est. Je suis foutue. Je vais mourir comme un rat crevé, toute seule, enfermée dans un wagon de la RATP ! Je lègue toute ma fortune shoesesque à mes cousines, mon doudou à mon coloc’ et mes …
… LE SIGNAL D’ALARME !!!
(putain, je suis blonde parfois !)
Je le tire, pleine d’espoir.
Entre-temps, il faut quand même savoir que le train est passé dans deux stations, pleines à craquer. Quand je pense à tous ces gens qui ont dû voir passer ce RER vide avec seulement une pauvre conne à moitié en larme courant partout à l’intérieur …
Le RER s’arrête, à cause du signal d’alarme. Au bout de quelques secondes, une voix retentit :
Le chauffeur, un peu hors de lui : « Qui est le con qui est resté dans ce train ??????!!!!!!!«
Moi, un peu honteuse : « Euh …… moi ……«
Lui, toujours énervé : « Collez-vous à une porte vitrée, sur la gauche, je viens vous chercher !«
Et c’est comme ça que j’ai rejoint la cabine du chauffeur et que je suis allée jusqu’à Massy-Palaiseau en mode VIP.
Je te raconte pas la gueule de mon boss quand je lui ai expliqué la raison de mon retard !
Alors tu vois mon biquet qu’en matière de situation cocasse, je suis drôlement fortiche !
Et encore, je ne t’ai pas raconté la fois où je me suis retrouvée à moitié à poil au cinquième étage de mon immeuble !
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